Parler... C'est dur... Non, je ne crois pas pouvoir dire qui je suis réellement. Tout est si changeant en moi, si...instable ! De la joie viennent les larmes, des larmes naissent un sourire... Je peux être calme ou déchaîner la tempête... Tout est confus, embrouillé. Déprimerais-je ? Suis-je joyeuse ?En faite, qui suis-je ?Non, je ne saurais pas le dire, vraiment pas... C'est pourtant une chose essentielle, mais cette chose essentielle n'est pas chez moi. Je ne me connais pas... Je ne fais que me découvrir jours après jours.
Est-ce que le fait de ne pas me connaitre est une différence ? Est-ce que le fait de ne pas vouloir vivre et pourtant rester sur ces terres est une différence ? Ou est-ce tout simplement le fait d'avoir ces yeux rouges et cette peau blanche, presque translucide, qui me rend différente des autres ?Mais je pense plutôt que c'est parce que je ne suis plus vivante que je suis différente, étrangère au monde...
Tu avances dans la nuit calme. L'astre lunaire se reflète sur tes longs cheveux blancs. Nullement noués, ils flottent dans la légère brise nocturne. Tu sais que si une personne te voit elle risque de te prendre pour quelqu'un de...non fréquentable. Mais as-tu seulement envie de bien paraitre ? Et puis, qu'est l'apparence pour une créature comme toi ? Pour une personne fantomatique ? Qui fuit le soleil et va se réfugier dans les ombres de la nuit ? Nuit qui cache jusqu'aux derniers traits de ton visage éternellement triste.Tu n'as jamais rit, non, jamais. Pourtant tu entends régulièrement des rires s'envoler dans le vent naissant, pourtant tu connais le sourire, celui d'un enfant heureux. Mais toi... Tu n'as jamais rit, jamais souris... Connaitras-tu seulement un jour ces plaisirs qui semblent animer les gens d'ici ?Tu regardes le village endormit. Cet endroit, le tien. C'est là que tu résides depuis si longtemps. Pourtant, jamais personne n'a vu ton visage d'albâtre, jamais personne n'a aperçu le rubis de tes pupilles car tu restes et demeures dans l'ombre, la peur du soleil enfouit en toi. Tu as peur de cet astre rayonnant de chaleur et de vie. Tu as peur de lui parce que tu n'as toujours connus que le froid de la lune, que son calme. Crainte elle inspire alors personne ne s'aventure la nuit.Parfois, l'impression d'être un être à part entière de la nuit vient à toi. Mais tu sens ce coeur battre frénétiquement à l'approche du jour, tu sens tes joues devenir humides en voyant la vie revenir à l'approche du maitre du jour.Un soupir puis un autre. Ton regard se perd dans la contemplation du vide. Puis tu murmures ces mots, ces quelques mots qui, une fois sortis de ta bouche, s’envoleront dans la nuit sans jamais rencontrer de destinataire.- Joie que je vois... Joie qui n'est pas moi... Oh joie, te sentirais-je un jour en moi ?